Légume
Dernière mise à jour le 16 janvier 2025
De nombreuses interventions vous ont été proposées en 2024 autour des évolutions climatiques et leurs conséquences prévisibles à court et moyen terme en agriculture.
Si les grandes variables du changement sont aujourd’hui établies à partir de scénarios sur notre territoire, leur impact sur nos productions légumières est moins documenté qu’en vigne ou arboriculture compte tenu des anticipations de plantations nécessaires. Néanmoins un travail entre techniciens des chambres d’agriculture, nous a permis de mettre en évidence quelques axes d’adaptation aujourd’hui enclenchés ou à développer.
La diversité de nos espèces nous laisse espérer une adaptabilité positive de nos filières à ces modifications. Quels sont les facteurs d’adaptabilité à court et moyen terme, quels travaux sont aujourd’hui en cours en productions légumières ?
Le changement est déjà perceptible sur notre territoire ces dernières années. Depuis 2020 nous avons dû jongler entre fortes chaleurs, stress hydrique et trop d’eau, avec des records historiques atteints à certaines périodes. Ceci entraine des perturbations dans le calendrier cultural, le calendrier des travaux et la qualité des produits (donc le rendement commercial).
Des études menées par des experts (tel que Serge Zaka agro climatologue au niveau national ou encore Fréderic Levrault de la chambre régionale d’agriculture en Nouvelle Aquitaine) nous permettent de nous projeter à 30 ans. Il s’agit des résultats d’un modèle et d’un scénario qui ont le mérite de nous projeter à un horizon fin de 20ème siècle et d’anticiper des changements mais qui doivent néanmoins être pris avec précaution. Ils permettent d’évaluer l’impact sur les productions agricoles.
Sur les stations météo de La Couronne, les températures ont augmenté de 2 degrés depuis les années 1970. Cela correspond à un réchauffement de 4 degrés par siècle et nous amènerait donc au scénario du pire à l’horizon de la fin du 20ème siècle (scenario RCP 8 .5 par modélisation du DRIAS ).
Les projections vers 2050, prévoient selon les zones de notre département de 75 à 90 jours de jours chauds (à + de 25°C) en moyenne par an en comparaison à 1990 (46 à 60 j en moyenne pluriannuelle) et vers 2030 (57 à 71 j en moyenne pluriannuelle) ; les années les plus chaudes à l’horizon 2050, on pourra rencontrer jusqu’à 147 jours par an de jours chauds soit presque 1 j sur 2.
A l’inverse, le nombre de jours froids (température est >= 3°C et <= 10°C) diminuerai de 10 j en moyenne à l’horizon 2050.
Le risque de gel sera en réduction mais toujours présent. Les gelées de novembre - décembre - mars reculent de 3 j par décennie depuis 1990. La dernière gelée sortie d’hiver d’avril se raréfie au profit de mars. On observe une diminution de leur fréquence, mais la variation annuelle peut être forte.
Côté précipitations, depuis les années 1970 et jusqu’à 2020, aucune évolution en tendance des cumuls saisonniers n’est constatée en Charente. « Le schéma que l’on pourrait supposer, avec de plus en plus de pluies en hiver et moins en été, n’émerge pas pour le moment », révèle Frédéric Levrault.
Les projections nationales laissent cependant penser qu’au-delà de 2030, les étés devraient être moins arrosés et les hivers un peu plus.
Depuis les années 1990 et jusqu’à 2020 un accroissement de l’ETP est observé de l’ordre de 30 mm/décennie. Cet accroissement est supérieur à celui de la Gironde ou du Lot et Garonne.
Pour rappel, l’ETP est « la Quantité maximum d’eau que cède à l’atmosphère, une culture de végétation abondante et continue en pleine croissance, sur un sol largement pourvu d’eau ».
L’évapotranspiration réelle (Etr) pour une plante donnée est réduite si la plante ne peut pas extraire l’eau du sol. L’évapotranspiration réelle réduite d’une culture donnée est dépendante de la réserve en eau du sol.
Faire mieux avec l’existant
Adopter de nouvelles pratiques agronomiques
Résultats essais Protect’eau 2021/2023 (SERAIL) :
De 2021 à 2022 tests salade - chou fleur - épinard
En 2021, pose des filets sur arceaux de chenilles pl. champ. 11 filets de différentes couleurs (vert / noir / blanc / transparent), de différents maillages (49 gr/m² à 170 gr/m²) de 12 à 75 % d’ombrage. Sur salade, avec une année climatique marquée par un ensoleillement déficitaire de plus de 40 % par rapport à une année normale et des pluies régulières tous les filets étaient défavorables.
6 filets ont été poursuivis les années suivantes.
A partir de 2023, vérification de la faisabilité de pose à plat comme un P17 pour faciliter le transfert de la technique aux producteurs. Cela permettrait de ne conserver le filet qu’aux moments climatiques le nécessitant lorsque la température est supérieure à 25 °C.
Résultats : des différences sont observées entre pose à plat et sur arceau.
Mise au point d’un abri climatique 2012-2013 (SERAIL)
Analyse économique 2013
Donc, gain nécessaire de 1€/m² chaque année sur la totalité des cultures par rapport à du plein champ.
Synthèse :
Mise au point d’un abri climatique 2011-2012 (station SEHBS d’Auray Morbihan)
Cinq cultures ont été mises en place dans l'abri climatique en 2012 : salade, oignon, navet, carotte.
Pour les cultures de salade, d’oignon, de navet et de carotte, les marges obtenues pour la modalité «Abri climatique » sont supérieures de 30 % (oignons, carottes) à 70 % (navets). Les rendements obtenus sont globalement supérieurs dans l’abri climatique d’environ 20 % (30 % pour les navets) pour toutes les cultures sauf pour les poivrons. Ces meilleurs rendements semblent s’expliquer par un gain de précocité dans l’abri et qui conduit à des calibres de légumes plus gros à la même date de récolte.
Cette liste non exhaustive d’expérimentations vous permet de vous projeter sur les réponses techniques pouvant être apportées dans l’adaptation au changement climatique.
D’autres leviers cités dans cet article peuvent être évalués. Vous menez peut être vous-même vos propres tests dans vos situations particulières. Vous souhaitez recevoir un appui dans vos notations ou en réaliser une synthèse diffusable sur le département, n’hésitez pas à m’interpeler.
Article rédigé par S. Sicaire (CA16)