Grande culture
Dernière mise à jour le 04 octobre 2024
La chrysomèle, est un insecte ravageur qui se nourrit des racines du maïs lorsqu’il est à l’état de larve. Il menace le rendement de la culture de maïs et les parcelles voisines risquent d’être infestées. Nous vous présentons les différents moyens de lutte.
C’est quoi la chrysomèle ?
La chrysomèle, appellée aussi diabrotica virgifera est un insecte ravageur qui se nourrit des racines du maïs lorsqu’il est à l’état de larve.
La chrysomèle du maïs réalise une génération par an. C’est après leur éclosion au printemps que les larves se nourrissent des racines des jeunes plantes. Les adultes émergent généralement à partir de début juillet. Leur sortie peut durer durant tout l’été. Ils vivent entre 30 et 70 jours et sont capables de vols migratoires de plusieurs kilomètres. Les femelles pondent dans le sol de champs de maïs entre l’été et l’automne. Une femelle dépose environ 1000 œufs dans sa vie. Ces œufs passent l’automne, l’hiver et le début du printemps dans le sol. Cette hivernation est obligatoire et leur permet de supporter relativement bien le gel. L’éclosion a lieu au printemps, en mai-juin, quand le maïs a 7 ou 8 feuilles.
Qui est touché par la chrysomèle ?
Les producteurs de maïs.
En Charente, suis je concerné(e) ?
La chrysomèle a été détectée en 2017 en Charente. Les surveillances de 2018 et 2019 montrent la présence du ravageur dans le département. Le risque de développement de ce parasite est avéré.
Pour savoir si la chrysomele touche votre commune, le piégeage est indispensable.
Quels dégâts ?
Les racines du maïs sont consommées par la larve de chrysomèle. La culture est fragilisée, le rendement est menacé et les parcelles voisines risquent d’être infestées.
Des pertes de rendement peuvent apparaître quelques années après la détection de foyers si aucune mesure de gestion n’est mise en place. Ces pertes peuvent être variables selon l’abondance de l’insecte et sa vitesse de dispersion liées en particulier au type de sol, à la vitesse ou la direction du vent, à l’hétérogénéité spatiale du milieu cultivé et aux pratiques culturales. L’absence de maïs pendant au moins une campagne, sur une zone géographique déterminée, permet de freiner l’installation de la chrysomèle.
Attention ! Les dégats ne sont pas visibles immédiatement !
Ex : en Hongrie et Slovaquie les dégâts ont été observés 6 à 7 ans après les premières détections (maïs pluviaux, climat continental) et 9 à 10 ans en Italie (maïs irrigués)
Quels sont les moyens de lutte ?
Adhérer à une lutte collective précoce en participant au réseau de piégeage et en signalant les infestations.
Pratiquer la rotation des cultures pour endiguer la progression de la chrysomèle. Il est conseillé, dès sa détection, puis, tous les 5 ans, la mise en place d’une autre culture, y compris dans les parcelles mitoyennes.
La lutte chimique s’est révélée peu efficace.
D'où vient la chrysomèle ?
Arrivée tout droit d’Amérique centrale et du Canada, la chrysomèle du maïs a été détectée pour la première fois en Europe en 1992, en Serbie, puis a progressivement atteint les pays voisins. Elle a progressé par dissémination naturelle de proche en proche (quelques dizaines de kilomètres), et/ou par les transports aériens et routiers (jusqu’à plusieurs centaines de kilomètres).
Aujourd’hui, elle est observée partout en Europe où elle était considérée comme un organisme de quarantaine jusqu‘en 2014. En France, un réseau de piégeage a été mis en place dès 1999 et les premiers foyers ont été détectés pour la première fois en 2002 près des aéroports de Roissy et du Bourget. Les captures se sont ensuite multipliées en Alsace puis Rhône Alpes, régions françaises les plus touchées, et chaque année de nouveaux foyers sont détectés. Malgré la mise en œuvre de mesures de lutte (définies par arrêtés ministériels jusqu’en 2014), la progression de la chrysomèle s’est poursuivie en Franche-Comté et en Loraine, puis en PACA et en Nouvelle-Aquitaine ces dernières années. La France possède un climat favorable à l’installation de ce ravageur, et seule l’absence du maïs dans l’assolement des zones infestées constitue un facteur limitant à son établissement.
La chrysomèle se développe en Charente ?
le département de la Charente qui est concerné avec une première capture de chrysomèle en 2017 (parcelle située le long de la N10 sur la commune de La Couronne). En 2018, le réseau de surveillance a été renforcé en Charente (70 pièges ont été suivis contre 35 en 2016). Il y a eu de nouvelles captures notamment à proximité de la zone détectée en 2017 dans le centre de la Charente (zone à proximité d’Angoulême). En 2019, le réseau de surveillance s’est encore renforcé (90 pièges ont été mis en place). Les relevés confirment que la Chrysomèle est bien installée dans le département et qu’elle gagne du terrain un peu plus tous les ans. Les pièges posés à proximité de La Couronne / Angoulême sont ceux qui ont capturés le plus de chrysomèle. D’autres pièges suivis au sud de Montmoreau et au nord de Mansle ont capturé quelques individus. Même si pour le moment l’intensité des captures n’entraîne pas de nuisibilité, la progression de la chrysomèle sur notre territoire pourrait être préjudiciable pour nos cultures de maïs dans la prochaine décennie. Il est important d’être vigilant notamment dans les zones de monocultures qui sont les plus à risque.
Aujourd’hui, la surveillance de la chrysomèle du maïs est un outil indispensable pour définir les recommandations nécessaires à un maintien des populations à un niveau n’entrainant pas de perte économique significative.
Lise GOUAUD-LECOQ
Chambre d’agriculture de la Charente
lise.gouaud@charente.chambagri.fr
Khalid KOUBAÏTI
FREDON Nouvelle-Aquitaine
khalid.koubaiti@fredon-na.fr
Romain TSCHEILLER
Arvalis Institut du Végétal
r.tscheiller@arvalis.fr